La moustache

Roman adultes
La moustache

Emmanuel Carrère
Gallimard (Folio), 2005 - 182 p.

Note : 4/5

Quatrième de couverture : Un jour, pensant faire sourire votre femme et vos amis, vous rasez la moustache que vous portiez depuis dix ans. Personne ne le remarque ou, pire, chacun feint de ne l'avoir pas remarqué, et c'est vous qui souriez jaune. Tellement jaune que, bientôt, vous ne souriez plus du tout. Vous insistez, on vous assure que vous n'avez jamais eu de moustache. Deviendriez-vous fou ? Voudrait-on vous le faire croire ? Ou quelque chose, dans l'ordre du monde, se serait-il détraqué à vos dépens ? L'histoire, en tout cas, finit forcément très mal et, d'interprétations impossibles en fuite irraisonnée, ne vous laisse aucune porte de sortie. Ou bien si, une, qu'ouvrent les dernières pages et qu'il est fortement déconseillé d'emprunter pour entrer dans le livre. Vous voici prévenu.

Le gars se rase la moustache pour faire une blague à sa femme et à leurs amis. Quand l'épouse rentre, elle ne fait aucune remarque. Même chose lors du diner chez un couple d'amis : personne n'évoque ce changement physique. Bon, peut être ont-ils tous décidés de jouer la comédie, de faire semblant de ne rien remarquer, le tout dans le but de lui retourner la farce et de faire de lui l'arroseur arrosé. Certainement, d'ailleurs. Il n'y a pas d'autre solution.
Mais quand, excédé, il demande à son épouse d'arrêter ce jeu qui devient stupide parce que trop long, elle lui assure qu'il n'a jamais eu de moustache... La dispute éclate, il va même jusqu'à fouiller les poubelles qu'il vient de descendre : il montre les restes de sa moustache à son épouse. Pourquoi refuse-t-elle d'admettre qu'il n'en portait pas ? Et pourquoi a-t-elle caché toutes les photos ? Elle devient folle, il n'y a pas d'autre solution... A moins que...

C'est un roman flippant parce que sur la folie... de l'homme, de l'épouse...? On a du mal à se faire une opinion au départ. On rit... puis on rit jaune... puis on est complètement paumé, exactement comme l'homme... puis on comprend petit à petit, en même temps que lui, que tout ce qu'on croyait être son quotidien n'est en réalité qu'une illusion fabriquée par son esprit. C'est un roman dérangeant, un roman qui fait se poser des questions.

En lisant le roman, au départ, je ne savais pas que penser de tout ça, je ne savais même pas si j'appréciais ce que j'étais en train de lire... parce que ce que je lisais était déstabilisant, je ne savais pas sur quel pied danser, je ne comprenais plus ce qui se passait, je ne savais qui croire de l'homme ou de la femme, j'étais paumée. Et je n'aimais pas ça. Mais quand on commence à admettre que le malade, dans l'histoire, n'est peut être pas celle qu'on pense, tout va mieux... et finalement, on est presque soulagé de comprendre que c'est nous — à travers l'homme — qui sommes malades. J'ai adoré ce bouquin.

J'ai lu différents avis sur le dénouement ; en règle générale, il est critiqué. En ce qui me concerne, il me semble évident. Il n'y avait pas d'autre issue possible.

M'enfin, on aura beau dire, on aura beau faire, le pauvre Emmanuel Carrère est bien torturé...


Uglies - Tome 1

Roman ado
Uglies (Uglies - T.1)

Scott Westerfeld
Pocket jeunesse, 2007 - 432 p.

Note : 4/5

Quatrième de couverture : Tally aura bientôt 16 ans. Comme toutes les filles de son âge, elle s'apprête à subir l'opération chirurgicale de passage pour quitter le monde des Uglies et intégrer la caste des Pretties. Dans ce futur paradis promis par les Autorités, Tally n'aura plus qu'une préoccupation, s'amuser...
Mais la veille de son anniversaire, Tally se fait une nouvelle amie qui l'entraîne dans le monde des rebelles. Là-bas, elle découvre que la beauté parfaite et le bonheur absolu cachent plus qu'un secret d'État : une manipulation.
Que va-t-elle choisir? Devenir rebelle et rester laide à vie, ou succomber à la perfection?
Véritable phénomène aux États-Unis, ce premier tome de la série Uglies a reçu plus de vingt récompenses, dont celle du Meilleur livre pour jeunes adultes 2006 de l'American Library Association.


Premier tome d'une série de quatre bouquins (les puristes diront qu'il y a cinq bouquins, mais le dernier ne compte pas vraiment puisqu'il ressemble à une sorte d'encyclopédie de la série). Bref. C'est un bouquin de SF et j'aime pas la SF...

Les premiers chapitres ont été difficiles pour moi parce qu'ils plantent le décor (de SF, donc). Et j'ai eu l'impression que ça allait être long, très loooong... des engins qui volent, des ponts suspendus, des bracelets anti-crash, des gilets de sustentation... Mais une fois que le décor est planté, on oublie tout ça, ou plutôt, ça fait partie des choses "normales", ça fait partie du quotidien de notre "héroïne", et donc du notre. Ça ne m'a plus gêné.

L'histoire : Ça se passe 200 ou 300 après les Rouillés (les "Rouillés", c'est nous). Après avoir constaté qu'un des principaux problèmes de notre société (à nous, les "Rouillés") est l'apparence physique des gens, nos descendants ont instauré une opération systématique de tous dès l'âge de 16 ans : tout le monde devient beau selon des normes scientifiques. Beau du visage, beau du corps. Les Uglies deviennent donc des Pretties. Ils viennent séparément les uns des autres. Tout le monde envie les Pretties parce qu'ils sont beaux et qu'ils passent leur temps à s'amuser et à faire la fête.

Tally a bientôt 16 ans, et est tès impatiente de devenir Pretty, surtout depuis que son meilleur pote a lui même subi l'opération et qu'il vit donc de l'Autre Côté. Un soir, elle s'échappe de "Uggly Ville" pour aller le voir à "Pretty Ville". Elle revient démoralisé : il l'a à peine calculé. Normal, puisqu'elle est laide.

Un petit mois avant son anniversaire, elle rencontre une nouvelle copine qui, elle, ne veut pas de l'Opération. Elle lui parle alors de gens entrés en résistance contre l'Opération, d'un lieu appelé "La Fumée", de choses bien plus graves que le changement d'apparence physique... Tally, d'abord réfractaire à ces idées "farfelues", change petit à petit d'avis... Et tout commence...

Franchement, je me suis régalée. J'ai fort regretté de ne pas avoir le second tome sous la main. C'est intelligent, c'est bien foutu. Ça pose de vraies questions : l'imperfection des êtres humains, leurs erreurs, la dégradation de la nature... Bon, c'est écrit pour des ados, et il ne faut pas non y chercher le bouquin du siècle, mais ça fonctionne plutôt bien.
Le seul petit bémol que je pourrais émettre serait l'absence de compromis : les choses sont noires ou blanches. Mais, au final, ce n'est pas si gênant.

[Je me rends bien compte que mon résumé est un peu pourri et n'engage pas vraiment à se plonger dans ce bouquin, mais je n'arrive pas à mieux faire.]

→ C'est un bon petit bouquin bien prometteur pour le reste de la série.


Le mec de la tombe d'à côté

Roman adultes
Le mec de la tombe d'à côté

Katarina Mazetti
Gaïa, 2006 - 253 p.

Note : 2.5/5

Quatrième de couverture : Désirée se rend régulièrement sur la tombe de son mari qui a eu le mauvais goût de mourir trop jeune. Bibliothécaire de métier, et citadine pragmatique, elle vit dans un appartement tout blanc, très tendance. Au cimetière, elle rencontre le mec de la tombe d'à côté, dont l'apparence l'agace autant que la tombe avec sa stèle tape-à-l'œil.
Depuis le décès de sa mère, Benny vit seul à la ferme familiale avec ses vingt-quatre vaches laitières. Il s'en sort comme il peut, de façon assez rustique, et grâce à une bonne dose d'humour et d'autodérision. Chaque fois qu'il la rencontre, il s'énerve contre la "Crevette" qui occupe le banc au cimetière avec lui, avec son bonnet de feutre et son petit carnet de poésie. Rien, a priori, ne rapproche ces deux-là, et pourtant, il suffira d'un sourire qui éclate simultanément sur leurs lèvres, pour qu'ils soient tous deux éblouis.
C'est le début d'une histoire d'amour assez cocasse. Ils sont tout le contraire l'un de l'autre. Elle ne sait pas cuisiner, il lit tout au plus un livre par an. Elle veut aller à l'opéra, lui doit traire les vaches. Il traîne avec lui une odeur d'étable, elle vit dans un appartement aseptisé. Mais leur passion amoureuse est sans bornes.
Roman d'amour drôle, tendre, à l'humour décapant,
Le mec de la tombe d'à côté touche pourtant là où ça fait mal : ce fossé qui sépare les catégories sociales. On ne peut plus contemporain...

Ça faisait un moment que j'entendais parler de ce bouquin, le titre me plaisait. Et puis un jour, une collègue m'a dit : « Essaie, tu verras, il est vraiment bien. » — Erreur.

Désirée, bibliothécaire, et Benny, agriculteur bien rustique tombent amoureux au cimetière. Ils vivent leur passion tranquillou pétou pendant un petit moment, jusqu'à ce que leurs différences sociales les rattrapent et leur explosent à la tête.

Le bouquin n'est pas désagréable à lire, il est assez divertissant. Il est même drôle, par moment. Mais il m'a profondément irritée. L'auteur joue avec des clichés insupportables : Désirée est bibliothécaire, citadine "femme libérée", férue de "culture culturelle", de bons mots, d'art contemporain et que sais-je encore. Bref, c'est une snobinarde qui a envie d'un homme pour s'envoyer en l'air et frimer en société, mais qui souhaite qu'il disparaisse quand elle en a envie. Elle cherche un homme-kleenex tout en hurlant à qui veut l'entendre qu'elle cherche l'Amour.
Benny est un agriculteur "vieux garçon" qui vit seul à la ferme de ces parents. Sa mère vient de mourir et il cherche une "femme à tout faire" à la ferme. Il est rustre, fermé à tout ce qui ne touche pas à la ferme. Il a très mauvais goût en terme de décoration, il est limite stupide par moment.
Bon, et comme si tous ces clichés ne nous suffisaient pas, Désirée et Benny réagissent eux-même en clichés : chacun campe sur ses positions, sur sa situation, ne cherchant pas à comprendre l'autre. Désirée ne comprend pas que Benny ne puisse pas s'absenter une semaine de sa ferme ; Benny ne comprend pas que Désirée n'aime pas les broderies ignobles de sa mère accrochées aux murs.

Même si on passe un bon moment au début, en ce qui me concerne j'ai rapidement été agacée par la tournure des événements. Tout ça m'a paru un brin stupide, mièvre et insipide. Une histoire d'amuuur ridiculement relatée. Et la "chute" n'arrange rien.

→ Je ne conseillerai pas ce bouquin... De mon point de vue, c'est une belle perte de temps.

[De toute façon, il n'y a pas plus belle histoire d'amour que dans Belle du seigneur... ben oui...]


Faux pas de Maria Adolfsson (Doggerland 1)

Quatri�me de couverture C�est le lendemain de la grande f�te de l�hu�tre � Heim?, l��le principale du Doggerland. L�inspectrice Karen Eiken...