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Une minute quarante neuf secondes de Riss

Date de parution : octobre 2019 chez Actes Sud
Nombre de pages : 320

" Il est impossible d'�crire quoi que ce soit. On ne transmet pas une d�sagr�gation. On ne raconte pas un d�litement. "

C'est ainsi que d�bute le t�moignage de Riss, directeur de la r�daction de Charlie Hebdo, survivant de l'attentat du 7 janvier 2015 au cours duquel il a �t� bless� � l'�paule. Une minute quarante-neuf secondes, c'est la dur�e de l'attaque des deux terroristes. 

" Je reprenais le d�compte des derni�res secondes de ma vie :
une seconde, je suis encore vivant. 
Une autre seconde, je suis toujours vivant. 
                                     Encore une autre seconde, je ne suis toujours pas mort."

Outre le r�cit de ce jour fatidique, Riss nous livre ses souvenirs d'enfance, sa prise de conscience tr�s jeune de la possibilit� d��tre confront� un jour � une guerre et � la mort. Il �voque sa rencontre avec Cabu et Charb et ses d�buts dans la presse satirique. " Rire c'est d'abord r�fl�chir ". Il d�crit l'envers du d�cor du journal satirique, ind�pendant, sans publicit� ni subventions, un journal auquel il a consacr� 24 ans de sa vie.

Il raconte �galement l'apr�s 7 janvier, la difficult� � quitter la " coquille protectrice de l'h�pital ", le retour dans la r�daction de Charlie rapatri�e dans les locaux de Lib�ration. Riss est un des deux actionnaires survivants du journal. Tr�s vite il se retrouve face � des requins, des opportunistes qui, une fois les piliers de Charlie disparus, r�v�lent leur v�ritable personnalit� face aux enjeux autour des sommes colossales re�ues par Charlie apr�s l'attentat, il se retrouve face � des membres du journal qui ne parlent que d'actions et de redistribution des actifs. Riss fustige ceux du journal qui se proclament rescap�s alors qu'ils se trouvaient � des centaines de kms des locaux du journal ce jour l� et ceux qui alimentent la presse de commentaires fielleux. Il d�nonce le cynisme, les strat�gies et man�uvres et raconte son combat pour que l'argent r�colt� soit r�serv� exclusivement � l'activit� du journal et non revers� aux actionnaires.

Il y a beaucoup de ressentiment dans ce r�cit, envers certains de ses collaborateurs, � l'�gard de l'�lite intellectuelle et politique "la comp�tence et la connaissance ne sont malheureusement pas toujours synonymes d'audace et de courage " , envers les voleurs de mort qui ont tent� de tirer profit de leur destin tragique. Riss ne m�che pas ses mots pour fustiger ceux qui ont eu un comportement indigne apr�s l'attentat.

Ce r�cit est tr�s diff�rent de celui de Philippe Lan�on qui avait centr� son r�cit sur sa reconstruction. Le t�moignage de Riss, beaucoup moins litt�raire, reprend l'avant 7 janvier 2015 avec ses d�buts, sa rencontre avec Cabu et Charb, la renaissance de Charlie Hebdo en 1992, l'incendie de leurs locaux en 2011 et la publication des caricatures de Mahomet. Il s'�tend sur l'apr�s 7 janvier,  les soins sous une fausse identit� � l'h�pital, la journ�e du 11 janvier pass�e dans sa chambre de l'h�pital o� " il attend le moment o� la mar�e se retirera quand les crabes recommenceront � nous cisailler les mollets ", sa vie sous protection polici�re, sa vie apr�s avoir vu la mort en face, les s�quelles physiques et psychologiques et l'impossible retour � une vie "normale".
Riss a une histoire et une relation diff�rentes de Lan�on avec les victimes auxquelles il �tait li� par un pass� commun et une forte amiti�, il leur rend un bel hommage dans de courts chapitres ins�r�s dans son r�cit, on per�oit toute son admiration pour ses amis dessinateurs de presse ou caricaturistes pour qui dessiner ou �crire dans Charlie Hebdo avait toujours �t� un acte politique. Ces passages all�gent ce texte empreint de douleur, de r�volte et de col�re. Je souhaite que Riss parvienne � retrouver un minimum d'apaisement apr�s nous avoir livr� ce t�moignage honn�te et d'une grande sinc�rit�.


Citations
" De cette salle de r�daction d�vast�e, peut-�tre ne sortirai-je jamais."

" Les bless�s ont du mal � exister. Ils ne sont pas morts et leurs noms ne sont inscrits nulle part. Mais ils ne sont plus les vivants qu'ils �taient avant."

" Il ne sera plus jamais possible de jouer cette farce de la vie qui continue comme avant."

" Au sein m�me de ce pauvre journal, nos peines et nos traumatismes furent contraints � cohabiter avec l'ignoble."

" Il nous a fallu du temps pour retrouver le courage de faire entendre � nouveau notre voix, entre le mutisme des vivants et le silence des morts." 


L'auteur

N� en 1966, Riss rejoint La Grosse Bertha en 1991 o� il rencontre Charb, Luz, Cabu, Philippe Val et toute l��quipe du futur Charlie Hebdo. En juillet 1992, il participe � la reparution de Charlie Hebdo. En 2009, � la suite du d�part de Philippe Val, il partage avec Charb la direction du journal. Le 7 janvier 2015, il est bless� lors de l�attentat contre Charlie Hebdo et devient le directeur du journal. (Sources : �diteur)






Les guerres int�rieures de Val�rie Tong Cuong

Date de parution : aout 2019 chez J.C. Latt�s
Nombre de pages: 240

Pax Monnier est un com�dien de seconde zone qui alterne les cachets dans des s�ries B et l'animation de formation en gestion du risque en entreprise. Un jour, son agent l'appelle pour l'informer qu'un grand r�alisateur am�ricain souhaite le rencontrer sans d�lai. Pax repasse chez lui pour se changer, il entend des bruits de lutte � l'�tage au-dessus, mais press� de repartir pour honorer ce rendez-vous essentiel pour sa carri�re, il se dit que ce n'est pas important. � son retour, il apprend qu�un �tudiant, Alexis, a �t� sauvagement agress�.

Un an plus tard, Paz rencontre Emi, responsable des risques psychosociaux de son entreprise, il tombe aussit�t amoureux d'elle, ignorant qu'il s'agit de la m�re d'Alexis. Le jeune homme a surv�cu � son agression mais son avenir restera irr�m�diablement boulevers� par ce drame. Pax se retrouve pi�g� dans son mensonge car il a "omis" de r�v�ler aux enqu�teurs qu'il avait aper�u l'agresseur en quittant son appartement, il va se retrouver confront� � sa l�chet�. Doit-il avouer � Emi qu'il aurait pu venir en aide � son fils au risque de la perdre?

J'ai �t� captiv�e par ce nouveau roman de Val�rie Tong Cuong qui parle de l�chet� et de culpabilit�. Elle a l'art de cr�er des personnages auxquels on peut tout � fait s'identifier nous faisant ainsi r�fl�chir � nos potentielles propres r�actions dans de telles circonstances dans une soci�t� o� l'individualisme prime trop souvent. Elle d�cortique parfaitement les sentiments de Pax tortur� par le remords et la honte, elle analyse tr�s justement la relation m�re-fils. Les personnages sont tous tr�s humains, min�s par leurs l�chet�s et leurs mensonges, confront�s � leurs failles. Un roman plein d�humanit� et riche en �motions dont la fin est tr�s belle. Un roman tr�s prenant dont l'intrigue est parfaitement maitris�e.


L'auteure


Val�rie Tong Cuong est romanci�re ; elle est l�auteur de onze romans, parmi lesquels Noir dehors (Grasset, 2006), L�Atelier des miracles (JC Latt�s, 2013, prix Nice Baie des Anges) et Pardonnable, impardonnable (JC Latt�s, 2015). Son dernier roman, Par amour (JC Latt�s, 2017), a �t� couronn� par de nombreux prix, dont le prix des lecteurs du Livre de Poche. Son �uvre est traduite en dix-huit langues.(Sources : �diteur)















Lus de cette auteure




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La vie en chantier de Pete Fromm

Date de parution : septembre 2019 chez Gallmeister
Nombre de pages : 384

Marnie et Taz forment un couple heureux et vivent en communion avec la nature dans la r�gion du Montana o� ils se sont rencontr�s sur une rivi�re. Ils retapent ensemble leur maison depuis trois ans, Taz est un menuisier �b�niste scrupuleux qui a du mal � joindre les deux bouts, leur compte en banque ne suit pas et ils ont l'impression que la maison "les d�vore vivants". Ils sont malgr� tout heureux et confiants dans l'avenir. Lorsque Marnie apprend qu'elle est enceinte, le couple est pr�t � se lancer dans cette nouvelle aventure. Mais Marnie d�c�de en mettant leur fille au monde et Taz se retrouve face � ce terrible deuil avec son b�b� dans les bras. Il va devoir faire face et d�couvrir la paternit�.

J'ai beaucoup aim� ce roman d'une infinie d�licatesse et d'une grande justesse. C'est une histoire d'amour et d'amiti� pleine de tendresse et d'espoir, avec des personnages d'une grande finesse tous tr�s incarn�s et tr�s attachants. J'ai aim� la sobri�t� avec laquelle la mort de Marnie est �voqu�e. J'ai aim� la d�licatesse et la patience des amis de Taz pour le faire sortir de sa bulle de douleur, pour le faire sortir de son atelier dans lequel il s'inflige des heures de travail, enferm� dans le pass� et dans l'impossibilit� de se projeter dans l'avenir. J'ai aim� le corps � corps de Taz avec son b�b�, la fa�on dont il lui raconte sa m�re commentant chacun de ses gestes quand il travaille, avec la voix de Marnie qui l'encourage. J'ai aim� la fa�on dont Pete Fromm d�veloppe la notion de respect de la douleur de l'autre,  l'importance de reconna�tre le deuil de l'autre (la m�re de Marnie) et de lui accorder une place. Un roman lumineux plein d'empathie et de g�n�rosit� qui ne tombe jamais dans le larmoiement. Une belle d�couverte.


L'auteur


Pete Fromm est n� en 1958 � Milwaukee dans le Wisconsin. Pete Fromm a publi� plusieurs romans et recueils de nouvelles qui ont remport� de nombreux prix et ont �t� vivement salu�s par la critique. "Indian Creek", r�cit autobiographique, a �t� son premier livre traduit en fran�ais. Il vit dans le Montana. (Source : �diteur)














Un dimanche � Ville-d'Avray de Dominique Barberis

Date de parution : septembre 2019 chez Arl�a
Nombre de pages : 128 

Deux s�urs se retrouvent un dimanche apr�s-midi de fin d'�t� dans un pavillon de Ville-d�Avray. La narratrice, parisienne, a rejoint sa s�ur Claire Marie dans son pavillon de banlieue de l'Ouest parisien. 

Claire Marie, femme au foyer sans histoire, dont la "vie est sur les rails", se confie � sa s�ur et lui raconte une invraisemblable rencontre qu'elle a faite quinze ans plus t�t dans le d�cor en apparence paisible de Ville-d�Avray. La narratrice d�couvre, stup�faite, l'errance de sa s�ur avec un homme entre les bois de Fausse-Repose, les �tangs de Corot, les gares de banlieue, elle imagine tous les dangers qu'elle a fr�l�s et d�couvre une s�ur qui a agit d'une fa�on qu'elle ne s'explique pas elle-m�me "C'�tait plus fort que moi"... A la faveur de cet �change, les deux s�urs vont revivre certains de leurs souvenirs d'enfance.

Mais ce r�cit n'est-il pas une pure invention ? Claire Marie raconte-t-elle tout � sa s�ur? 

"Un dimanche � Ville-d�Avray" est le titre d'un film f��rique et myst�rieusement inqui�tant sorti en 1962. Ce roman fait �cho � ce film qui a marqu� le cin�ma fran�ais, il distille avec un petit air de Simenon, un sentiment de myst�re et d'angoisse diffus, une �trange sensation d'apesanteur. Dominique Barb�ris excelle � cr�er une ambiance restituant � merveille la langueur des longs dimanches apr�s-midi qui s'�tirent, le d�s�uvrement et l'ennui sources de d�sarroi dans cette ville de banlieue "tout petite et tellement tranquille". Un roman trouble, d�routant et plein de nostalgie. Un original roman d'ambiance entre r�ve et r�alit�.
Ce roman a �t� remarqu� par les jur�s des prix litt�raires d'automne, il a fait partie de la deuxi�me s�lection du Prix Goncourt 2019 et a �t� finaliste du Prix F�mina 2019.


L'auteure


Dominique Barb�ris est une romanci�re fran�aise. Elle enseigne � Sorbonne-Universit� et y anime des ateliers d��criture.
Son premier livre "La Ville" a �t� publi� en 1996 chez Arl�a, ses  huit autres livres chez Gallimard. (Sources : �diteur)













L'�t� meurt jeune de Mirko Sabatino

Date de parution : ao�t 2019 chez Deno�l
Nombre de pages : 288

�t� 1963, dans un village des Pouilles
Dans un petit village o� tout le monde se conna�t, trois jeunes gar�ons de douze ans, Mimmo, Damiano et Primo sont des amis ins�parables. Ils sont reli�s par une belle amiti� et des histoires familiales lourdes, le p�re de Primo est mort, celui de Mimmo est � l'asile et celui de Damiano interdit � sa femme de sortir de la maison. "Cette ann�e-l� il y avait Mimmo, Damiano et moi. Il y avait surtout nous". "Les ruelles �taient notre maison, et la place notre salon."

Primo a une s�ur, Viola. Un an les s�pare mais ils se sentent presque jumeaux " Elle �tait faite de ma mati�re et moi de la sienne.", reli�s par une communication proche de la t�l�pathie. Primo, blotti contre sa s�ur, fait revivre leur p�re au travers d'histoires qu'il invente pour elle, il raconte la vie que leur h�ros de p�re aurait eu...

Humili�s par une bandes de jeunes du village les trois amis font un pacte qui, � travers l'union de leur sang, les rend fr�res unis � la vie � la mort. Mais ce serment va prendre une dimension impr�vue, les entra�ner dans un engrenage et leur jeunesse va s'achever brutalement.

Un premier roman italien tr�s bien men� avec un suspense entretenu tout au long du r�cit. L'atmosph�re de ce petit village des Pouilles �cras� de soleil est tr�s bien restitu�e. La relation d'amiti� entre les trois jeunes est tr�s belle, la relation entre Primo et sa s�ur est tout simplement bouleversante de beaut�. Dans cette histoire d'amiti�, de vengeance et d'honneur, des jeunes gar�ons, chacun avec leurs blessures, vont s'investir d'une responsabilit� qui va les d�passer. L'auteur a parfaitement saisi la fragilit� de cette p�riode entre l'enfance et �ge adulte.
Un roman charg� d'�motions qui laissera des traces.


L'auteur


Mirko Sabatino est un auteur italien n� � Foggia dans les Pouilles en 1978. "L'�t� meurt jeune" est son premier roman.(Sources : �diteur)














Fondre de Marianne Brun



Date de parution : novembre 2018 chez BSN Press
Nombre de pages : 111

Ce roman est inspir� de l'histoire de Samia Yusuf Omar, jeune athl�te somalienne qui participa aux Jeux Olympiques de 2008 � P�kin et qui, envers et contre tous, voulu participer � ceux de Londres en 2012.

Samia, une jeune somalienne qui courait depuis toujours comme une gazelle, a �t� rep�r�e par les membres du comit� olympique en 2007. A l'�ge de dix-sept ans elle fait partie de la d�l�gation somalienne compos�e de seulement deux athl�tes et en tant que plus jeune participante aux �preuves, Samia devient l�ic�ne des Jeux, symbolisant la femme africaine, noire et musulmane. La comp�tition tourne au drame pour Samia oblig�e par le chef de la d�l�gation � courir le 200 m alors qu'elle s'est entra�n�e pour le 800 m. C'est l'�chec et l'humiliation pour la jeune fille qui, d'ambassadrice de son pays, incarne subitement le d�shonneur de son pays. En fait les athl�tes somaliens �taient envoy�s aux Jeux pour l'image, pour que le monde entier s'apitoie sur le sort du pays frapp� par la famine et le terrorisme islamique. Samia avait �t� instrumentalis�e...

Pas question ensuite pour elle d'�tre autoris�e � poursuivre une carri�re sportive car il est impensable pour le comit� somalien de reprendre une athl�te qui a perdu.

Dans ce pays o� " Une femme ne doit pas courir. Une femme ne doit pas se montrer ", ce pays o� les visas sont bloqu�sSamia, va b�n�ficier de tr�s rares soutiens, dont une journaliste d'Al Jazeera qui pr�pare un livre sur les athl�tes somaliennes. Samia va se mettre en t�te de participer aux Jeux de 2012 � Londres et parcourir � pied 5000 kms, seule dans le d�sert, pour atteindre la fronti�re tunisienne, point le plus proche de l��le de Lampedusa pour rejoindre un entra�neur italien. C'est ainsi que Samia s'est retrouv�e sur un bateau de migrants o� elle a trouv� la mort.

Marianne Brun analyse finement le contexte qui a pes� sur le destin de Samia. Dans ce pays trop pauvre pour d�velopper ses talents, ce pays dont la configuration g�ographique n'offre pas des conditions d'entrainement pouvant rivaliser avec l��thiopie et le Kenya, ce pays ravag� par la mis�re, la guerre civile et le terrorisme islamique, Samia va lutter contre le d�terminisme social en courant en cachette toutes les nuits et en accomplissant un exploit pour rejoindre un bateau qui devait la conduire en Italie. Un magnifique portrait d'une femme d'une extraordinaire t�nacit� dans son combat pour la libert�, un formidable exemple de d�passement de soi pour accomplir son r�ve, un effroyable destin... 
Ce texte tr�s document�, servi par une �criture vive, nous plonge au plus pr�s des sensations de l'athl�te, illustre tr�s bien la condition f�minine en Afrique et met un visage sur le drame des migrants. Un texte court mais tr�s fort. Une lecture passionnante et tr�s �mouvante. 


Citations
" �paissir les murs pour �tre au c�ur de soi-m�me"


L'auteure

Fran�aise �tablie en Suisse, Marianne Brun est l'auteure de "L'accident" en 2014 et de "La nature des choses" en 2016. Avec "Fondre", elle livre un portrait de femme, donnant ainsi un visage et une histoire aux migrants. (Source : �diteur)



Ceux que je suis d'Olivier Dorchamps

 
Date de parution : ao�t 2019 aux �ditions Finitude
Nombre de pages : 256

" Grandir c'est perdre des morceaux de soi "

� la mort de leur p�re, garagiste � Clichy, les trois fr�res Mansouri ont la surprise d�apprendre que le vieil homme avait pr�vu d'�tre inhum� au Maroc. N� � Casablanca, il reposera � Casablanca. C'est une d�cision dont il ne leur avait jamais parl�, eux-m�mes se sont toujours sentis �trangers au Maroc." Mon p�re ne s��tait jamais fait naturaliser. Il disait qu�� la douane, que ce soit � Paris ou � Casa, il serait toujours un Marocain en exil, jamais un Fran�ais en vacances, alors � quoi bon ? "

C'est l'a�n�, Marwan, professeur d'histoire g�ographie, qui a �t� d�sign� par son p�re pour l'accompagner dans son dernier voyage. Il va prendre l'avion avec Kabic, le meilleur ami de son grand p�re paternel Tarek. Kabic commence � lui raconter son grand p�re, leur enfance, leur d�cision d'�migrer ensemble vers la France...

En d�ambulant dans les rues de Casa, en �changeant avec les anciens amis de son p�re, en apprenant l'histoire de sa grand-m�re qui venait d'une famille de bergers berb�res du Moyen Atlas, Marwan d�couvre la part d'ombre de sa famille et la raison qui a pouss� son p�re � quitter le Maroc pour la France, il d�couvre un homme dont il n'avait pas per�u la complexit�. Son p�re ne racontait jamais son Maroc, son souci a toujours �t� de s'int�grer et que leurs enfants s'int�grent aussi. "Il r�p�tait toujours qu'on �tait marocains, mais il �tait fier qu'on soit fran�ais, mon p�re." Marwan et ses fr�res n'aimaient pas aller � Casa o� ils subissaient moqueries et humiliations de leurs cousins, des voisins, des commer�ants qui les traitaient avec m�pris de Fran�ais " Vue d'ici, la vie de ceux qui ont eu la volont� de partir entretient souvent le r�ve de ceux qui n'en ont pas eu le courage". Pour les trois fr�res le Maroc n'est qu'un pays o� ils ne sont all�s que cinq ou six fois en famille. Marwan qui avait honte de leurs origines n'a jamais questionn� son p�re et en �prouve maintenant du regret. 

A travers cette histoire de deuil et de r�silience, ce roman parle de double culture, de l'importance de conna�tre ses origines pour mieux se conna�tre, d'identit�, d'exil, de d�racinement, du rapport au pays d'origine. Chacune des trois g�n�rations �voqu�es dans ce roman a un rapport diff�rent � la France et au Maroc. L�auteur franco-britannique a su admirablement bien se mettre dans la peau de Marwan condamn� � ne se sentir chez lui ni en France ni au Maroc, consid�r� en France comme marocain ou comme arabe alors qu'il ne conna�t pas le Maroc et conscient de la m�fiance qu'il inspire.
Une histoire tr�s �mouvante. Un roman plein d'humanit�, de douceur, de pudeur et de d�licatesse o� tout sonne tr�s juste, sans jamais sombrer dans le pathos. Une �criture sobre, des dialogues naturels, un style fluide et tr�s visuel impr�gn� d'humour, un ton calme pour des propos forts. Un auteur � suivre...


L'auteur


Olivier Dorchamps est franco-britannique. Issu d�une famille cosmopolite, il a grandi � Paris et vit � Londres d�o� il a choisi d��crire en fran�ais. Il pratique l�humour, l�amiti� et la boxe r�guli�rement. (Source : �diteur)
















Trois jours � Berlin de Christine de Mazi�res


Date de parution : mars 2019 chez Sabine Wespieser
Nombre de pages : 192

9 novembre 1989, 19h � Berlin Est.
Gunther Schabowski, porte-parole du bureau politique s'exprime lors d'une conf�rence de presse retransmise � la t�l�vision pour rendre compte du comit� central qui se tient depuis la veille. Il annonce que la libert� de circuler est r�tablie pour les allemands de l'Est qui vivent derri�re le mur depuis 1961 sous la surveillance constante de la Stasi dans un pays obscur o� chacun se m�fie de l'autre. A la question d'un journaliste qui lui demande quand le mur va �tre ouvert, pris de court, il r�pond  "d�s maintenant, sans d�lai". Aussit�t des groupes silencieux convergent vers les postes-fronti�res � une heure o� les rues sont habituellement d�sertes. Une foule silencieuse ni hostile ni mena�ante enfle rapidement "La foule est d�termin�e, joyeuse et pacifique","La RDA leur promettait l'�galit�, ils voulaient la libert�,  ils trouvent la fraternit� ".

L'auteure raconte ces moments historiques par la voix d'Anna, une fran�aise amoureuse de l'Allemagne, de Micha un allemand de l'est en rupture avec son p�re qui appartient � la hi�rarchie communiste. Micha est hant� par la disparition de son ami Tobias lors de leur tentative de fuite vers l'ouest quinze ans plus t�t. Prennent aussi la parole, un jeune cin�aste transfuge de RDA qui h�berge Anna, un garde-fronti�re, un journaliste, tous t�moins de ce moment d'histoire, partag�s entre incr�dulit�, espoir et inqui�tude. Des dignitaires du parti, des intellectuels favorables au r�gime, le porte parole qui a fait l'annonce, des chefs de la Stasi, s'expriment �galement. M�me Cassiel l'ange des larmes de Wim Wenders entre en sc�ne pour accompagner cette foule.

Quelques lignes nous resituent le contexte politique qui a conduit � la chute du mur, la perestro�ka men�e par Gorbatchev, l'arriv�e � la t�te de l'�tat est-allemand le 18 octobre d'Egon Krenz qui va mener les r�formes sous la pression de Moscou, l'importante pression du peuple avec le 4 novembre un million de personnes dans les rues. Depuis l'�t� des allemands de l'est fuyaient par milliers par des br�ches ouvertes dans des pays voisins, la  Hongrie et la Tch�coslovaquie, qui avaient ouvert leurs fronti�res. Des allemands qui fuyaient un monde de restrictions.

" Du berceau au cercueil, l'Etat veille � tout. 
Il offre � chacun une vision du monde toute pr�te,
 qu'il suffit d'apprendre par c�ur et de r�citer. 
L'homme n'est rien, la soci�t� est tout, 
et le Parti, au-dessus de tout."

J'ai beaucoup aim� ce roman historique tr�s bien romanc�. L'auteure retranscrit parfaitement le mouvement de foule qui enfle et d�crit tr�s bien les diff�rents sentiments qui envahissent les protagonistes de cet �v�nement, sentiment d'incr�dulit� puis d'exaltation aux postes-fronti�res dans l'attente de l'ouverture annonc�e du mur, des sentiments pr�sents des deux c�t�s du mur. Une v�ritable liesse populaire va se r�pandre. J'ai trouv� tr�s judicieux le choix de l'auteure de donner la parole � tous et l'intervention de Cassiel, l'ange des larmes, ajoute une dimension po�tique � ce r�cit. Les personnages sont nombreux et divers mais tous sont bien camp�s. L�auteure met en sc�ne un peuple en marche lors d'un �v�nement majeur au cours duquel aucune goutte de sang n'a �t� vers�e. Avec quelques �l�ments bien choisis l�auteure nous retrace le contexte politique et ce qu'a �t� la vie dans ce pays depuis la construction du mur en 1961. L'�criture est belle, la construction est int�ressante et la fin est tr�s �mouvante. L'ensemble d�gage une jolie douceur. Un premier roman tr�s sensible.


L'auteure


Christine de Mazi�res, franco-allemande, n�e en 1965, est haut fonctionnaire et vit dans la r�gion parisienne. Pendant dix ans, de 2006 � 2016, elle a �t� la d�l�gu�e g�n�rale du Syndicat national de l'�dition (Sources : �diteur).




Le bal des folles de Victoria Mas

Date de parution : ao�t 2019 chez Albin Michel
Nombre de pages : 256

Ce roman est bas� sur des faits historiques, l'histoire se d�roule en 1885. A la mi-Car�me, � la Salp�tri�re, se d�roulait tous les ans un bal costum� au cours duquel les trois cent ali�n�es de cet asile pour femmes dansaient devant le tout-Paris fascin�, c'�tait le Bal des Folles. 

La Salp�tri�re, apr�s avoir accueilli des mendiantes puis des filles de mauvaise vie, est devenu un lieu o� �taient enferm�es les malades mais aussi les femmes qui se r�voltaient. Une femme pouvait �tre intern�e par son mari qui lui reprochait ses infid�lit�s, une jeune veuve pouvait �tre intern�e par sa belle-famille qui la jugeait trop m�lancolique depuis la mort de son �poux..."entre l'asile et la prison, on mettait � la Salp�tri�re ce que Paris ne savait pas g�rer : les malades et les femmes." Aucune visite n'�tait autoris�e aux femmes intern�es dont les familles ne voulaient plus entendre parler. La Salp�tri�re �tait pour elles une vraie prison. 

La Salp�tri�re �tait �galement le th��tre des exp�rimentations du docteur Charcot sur les malades. Ce c�l�bre neurologue parisien pratiquait l'hypnose pour d�clencher, lors de cours publics, des crises d'hyst�rie chez les femmes malades. Les s�ances avaient lieu dans un auditorium, c'�tait un spectacle qui satisfaisait la curiosit� du tout Paris...

Victoria Mas met en sc�ne trois femmes. Louise, une jeune orpheline de seize ans, plac�e chez son oncle et sa tante, a �t� viol�e par son oncle. Sujette ensuite � des convulsions, elle est intern�e � la Salp�tri�re. Eug�nie, une jeune bourgeoise de dix-neuf ans est intern�e par son p�re sous le pr�texte qu'elle communique avec les esprits des d�funts mais dans la r�alit� parce qu'elle refuse le mariage que veut lui imposer sa famille. L'arriv�e d'Eug�nie va bouleverser les convictions de Genevi�ve, personnage central du roman, femme � l'esprit cart�sien qui, par son r�le d'intendante, assure le lien entre les femmes et les m�decins. Genevi�ve v�n�re Charcot et consacre sa vie � la m�decine.

Voil� un premier roman tr�s r�ussi. Victoria Mas a choisi un sujet fort int�ressant et nous livre un roman bien document� qui nous fait d�couvrir des pratiques assez inimaginables. On se rend compte que les femmes intern�es � cette �poque n'�taient pas mieux trait�es que des animaux. D'une �criture sans fioritures et tr�s fluide Victoria Mas fait surgir de l'ombre ces femmes sans jamais porter de jugement, t�moignant simplement de ce qu'�tait la condition f�minine au 19�me si�cle. Un roman qui reste � l'esprit longtemps apr�s l'avoir referm�. 


L�auteure



Victoria Mas a travaill� dans le cin�ma. Elle signe avec "Le bal des folles" son premier roman (Sources : �diteur)





















Faux pas de Maria Adolfsson (Doggerland 1)

Quatri�me de couverture C�est le lendemain de la grande f�te de l�hu�tre � Heim?, l��le principale du Doggerland. L�inspectrice Karen Eiken...