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Il était une voix sur TrENSmission...


La radio TrENSmission,  c'est la webradio des étudiants de l'ENS. Transdisciplinaire et ouverte, elle cherche à aller au delà des murs de l'Ecole Normale Sup.
Cette année une nouvelle émission est lancée sur les ondes ;  "Il était une voix".  Comme son nom vous le fait pressentir elle est dédiée à la lecture à voix haute ! Lectures, discussions, techniques… Olivier Royer et Sarah Agabsi qui réalisent l'émission, comptent vous en mettre plein les oreilles et plein la tête.
On était là pour la première, et voilà le résultat :




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Trouver sa voix


Certains se sentent bien dans une église comme Paul Claudel, d'autres sur la route comme Poulidor, d'autres enfin dans une cabine de commentateurs comme notre ami Nelson Monfort.

Moi, je me sens à l'aise dans une bibliothèque, parmi les livres, les regards studieux ou passionnés, le plissement des pages qui défilent sur les doigts d'une main comme un voyageur sur un tapis roulant. Dans une bibliothèque normalement constituée, il règne un silence foisonnant, habité de bruits intérieurs, incarné de traits d'esprits et de bons mots qui ricochent comme des feux feuillets.

Alors, pourquoi briser ce silence religieux par le bruit d'une lecture à voix haute ? Parce que la lecture solitaire doit déboucher sur une expérience collective. Parce que le plaisir de lire et la joie d'apprendre doivent être expulsés dans un flot verbal, tantôt houleux, tantôt régulier, parfois plus mer d'huile que flot d'ailleurs. Il faut alors établir un échange entre celui qui retranscrit, chargé de redonner du sens, et son auditoire.

Lire à voix haute, c'est assumer un texte. Le magnifier parfois, le rendre inaudible d'autres fois. Lire à voix haute oblige en tout cas à lever la tête, à quitter la forteresse de notre conscience pour transmettre le message d'un autre. Lire à haute voix, ce n'est ni psalmodier, marmonner ou marmotter des morceaux de phrase en communauté par habitude ou par rite. Lire à haute voix ce n'est pas déclamer un discours, déblatérer une homélie ou tenter de convaincre un auditoire comme un homme politique qui harangue la foule. Non, le lecteur à haute voix propose à son auditoire de l'accompagner, il l'invite à suivre les traces d'un auteur, dans lesquelles il a déjà ajouté son empreinte.

Lire des histoires est par définition différent puisqu'il ne s'agit plus d'un texte, mais d'une histoire avec tous les à côté festivistes et théâtraux que cela suppose. Il s'agit alors plus de raconter, d'exagérer, de caricaturer, de varier les intonations et les registres vocaux, les tonalités. Bref, de faire le pitre.

Lire à haute voix au contraire permet d'aller au cœur du texte sans l'épuiser, peser chaque mot, soupeser chaque phrase : c'est l'art pour l'art, la quête parnassienne. 

Fabrice Luchini, malgré son exubérance, est selon moi un formidable lecteur de Céline. Outre le travail de démocratisation culturelle, on pourrait lui reprocher l'extrémisme de ses incarnations, on pourrait dire qu'il en fait trop. Mais il est parfois tellement jouissif dans ses interprétations, tellement puissant quand il déclame qu'après l'usine "on emporte avec eux soi le bruit dans sa tête". Le comédien est l'exemple qui confirme la règle : car comme l'a dit Laurent Ruquier, après une lecture de Luchini ce n'est plus le bruit de l'auteur qu'on a dans sa tête mais celui de l'interprète. Comment toutefois lui reprocher d'être bon ?
Peut-être que parce qu'être vraiment bon c'est savoir s'effacer derrière l'auteur et se faire oublier des auditeurs.

Tous les ouvrages, bien sûr, ne se prêtent pas à une lecture à haute voix. Lire la Critique de la Raison Pure à haute voix, c'est un peu comme sauter du 7ème étage. La lecture à voix haute participe à une certaine vulgarisation, à une démocratisation de la culture. Pratiquement, elle permet aussi aux aveugles ou à ceux que leurs yeux trahissent, de continuer d'une autre manière l'expérience littéraire. Et puis entendre lire à haute et intelligible voix peut donner envie à l'auditeur de devenir lui même un lecteur.

On peut devenir le maître du texte de quelqu'un d'autre et le rendre contemporain. De la même façon, la lecture de son propre texte par l'auteur peut s'avérer terriblement décevante. Nous avons tous une image, un cliché en tête qui ne se réalisera peut-être pas. Tel un roman mal adapté au cinéma.

Emmanuel Aumonier

Etudiant du Master Journalisme à Sciences Po Paris

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RSP, alias Radio SciencesPo, revendique sa liberté de parole dans des domaines aussi variés que la politique, la culture, le sport, la vie étudiante... diffusée dans les locaux de SciencesPo, elle est aussi accessible à tout public via des podcasts sur son site internet www.rsp.fm.

Ce vendredi 15 novembre, RSP a accueilli nos deux chargés de communication, Pierre Benoit Roux et Morgane Cuoc, qui ont décrypté de leurs douces voix le rôle d'un lecteur sonore et ont commenté les différents temps forts du festival Livres en Tête. Par ailleurs, l'équipe de Radio SciencesPo et nos deux fins palais auditifs se sont livrés à l'exercice d'une petite Dégustation littéraire, modèle réduit de celle qui se déroulera lors du festival le mardi 26 novembre, afin d'éduquer notre oreille à repérer le graal de la lecture à haute voix.

Pour retrouver l'intégralité de l'émission sur le site de RSP, rendez-vous sur cette page.


Desports et des littératures, entretien avec Adrien Bosc


 Avec la revue Desports, apparue comme un ovni dans les librairies début 2013, Adrien Bosc vient nous rappeler que sport et littérature font plutôt bon ménage...
Où l'on réalise que notre tendance à cloisonner les différents champs par snobisme ou ignorance nous font manquer les rencontres les plus enrichissantes.
Inutile de dire que nous sommes emballés, et si avec la soirée Athlettres de cette 5e édition, notre adhésion n'est plus à démontrer, on avait envie d'aller voir plus avant !
Interview donc avec Adrien Bosc, fondateur de la revue Desports.



 "Pas du simple fait sportif, pas non plus une intellectualisation du sport
 mais un entre-deux créatif."

Quels sont pour vous les liens entre le sport et la littérature ? Pourquoi  désirer  faire, ou démontrer, ce(s) lien(s)  avec Desports ?

Les liens sont historiques. Raviver ce lien était une évidence, nous n’apportions pas quelque chose de nouveau mais souhaitions mettre en lumière ces passerelles, aller contre le faux antagonisme entre sport et littérature. Nous ne souhaitons rien démontrer sinon raviver le grand reportage sportif à travers une publication qui offre plus grande à l’écrit. Nous l’avons signifié dans notre premier éditorial en citant la phrase de Pasolini dans Les Terrains : « Le sport est un phénomène de civilisation tellement important qu’il ne devrait être ni ignoré ni négligé par la classe dirigeante et les intellectuels. Il est vrai que, pour certains, c’est une attitude plus ou moins inconsciente, mais ce n’est pas une règle».

Ne craignez vous pas qu'à plus ou moins long terme le concept, ou les sujets ne s'émoussent ?

L’expérience nous prouve le contraire. Depuis la parution du premier numéro, nous sommes agréablement surpris par le nombre de propositions originales qui nous parviennent. L’écho des deux premiers numéros a également prouvé qu’il y avait dans ce projet une vraie originalité. Pas du simple fait sportif, pas non plus une intellectualisation du sport mais un entre-deux créatif.

Connaissez- vous d'autres magazines ou groupements qui ont des démarches similaires à celle de Desports ?

Non aucun. So Foot ne traite que du Foot, et l’Equipe est dans le traitement de l’actualité même si parfois certains sujets dépassent le simple cadre de l’événement, mais ce n’est pas le rôle premier du quotidien.Desports est à part.

J'ai lu sur Médiapart que vous souhaitiez  abolir "les frontières entre le digne et le futile" dans cette revue, pouvez-vous m'expliquer ?

Tout est dans la citation de Pasolini que j’évoquais. Il ne faut pas mépriser en intellectuel le fait sportif. Nous montrons justement que traiter uniquement du sport ne nous cantonne pas à proposer un magazine sportif. C’est finalement un moyen de raconter le monde, et à partir d’un sujet précis nous élargissons. Cette frontière, nous l’avons aboli également dans la forme, en éditant une revue qui s’apparente à un « petit beau-livre » cartonné, partant du principe qu’au domaine considéré comme le plus futile nous allions proposer un format élégant, une sorte d’almanach.

Quel public visez-vous ?

Nous ne visons pas de public, cloisonner en catégorie ne nous ressemble pas. Nous voulons justement élargir le plus possible. Et nous nous réjouissons justement des nombreux commentaires que nous avons reçu qui peuvent se résumer ainsi : je n’aime pas le sport mais là ça me plait. Nous ne voulons exclure personne.

Vous rejetez me semble t-il la dénomination "mook" mais pourquoi avoir choisi ce format pour vos revues ?

Nous n’aimons pas le terme parce qu’il a été revendiqué a posteriori par des revues qui souhaitaient prendre la roue d’un mouvement d’ensemble, sans avoir réfléchi vraiment à ce qu’ils pouvaient proposer de nouveau. Le format n’est pas nouveau, c’est simplement une transposition d’une longue tradition anglo-saxonne comme Le Believer ou Granta. Rien de nouveau sous le soleil.

"Nous montrons justement que traiter uniquement du sport ne nous cantonne pas à proposer un magazine sportif. C’est finalement un moyen de raconter le monde, et à partir d’un sujet précis nous élargissons." 

Comment choisissez-vous les auteurs qui interviennent dans Desports ? Certains interviendront- ils de façon régulière ?

Oui il y a des collaborateurs réguliers comme Bernard Chambaz, Louis Dumoulin, Fabienne Lesage, Danielle Orhan, Pierre-Louis Basse, Maylis de Kerangal, etc. Après nous recevons beaucoup de propositions, nous les étudions et les intégrons parfois. Dans le prochain numéro, à paraître début janvier, vous pourrez lire un reportage passionnant d’Elisa Mignot sur le devenir des installations olympiques de J.O d’hiver de Sarajevo en 1984, avant, pendant et après le siège.

Vous êtes également le fondateur de la revue Feuilleton, à quel point ces deux magazines sont-ils différents, outre les thèmes abordés ? 

Feuilleton aborde tous les sujets avec comme ligne éditoriale la traduction des grands reportages étrangers inédits, ces longs formats qu’aucun magazine ne peut actuellement accueillir. Formellement, Feuilleton est trimestriel, a un format broché, coûte 15 euros.

Avez vous d'autres projets, avec ou sans Desports et Feuilleton ?

Nous publions plusieurs livres en 2014 dans la droite ligne des revues. Une collection « Feuilleton Fiction » avec la traduction de L’Alphabet de flammes de Ben Marcus en février 2014. Une collection « Non Fiction » avec en mars l’anthologie des meilleurs reportages du père du « nouveau journalisme » Gay Talese. L’anthologie s’intitule Sinatra a un rhume. Enfin, en avril, un petit livre d’actualité autour de la coupe du monde de football. 

93.9 FM, le rythme du Paris étudiant


Radio Campus Paris, qui fête cette année ses 15 ans sur le 93.9 FM, rassemble de nombreux bénévoles qui animent de 17h30 à 5h30 - et sans publicité - de nombreuses émissions centrées sur la musique, le cinéma, la littérature, la culture geek... Promotrice des cultures en devenir, Radio Campus Paris et son studio mobile arpentent la capitale et sa banlieue pour faire résonner la voix étudiante sur tous les fronts.

À l'occasion du partenariat de Radio Campus Paris avec le festival Livres en Tête 2013, Jeanne-Marie Morin, chargée du monde étudiant à la radio, nous a accordé une interview dans laquelle elle expose les ambitions de cette fréquence jeune.


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Quelles sont les activités de Radio Campus Paris ?

Radio Campus Paris est la radio associative et locale des étudiants et des jeunes franciliens. Elle a été créée en 1998 et propose une soixantaine d'émissions faites par plus de 200 bénévoles (étudiants pour la plupart) et diffusées sur le 93.9 et sur www.radiocampusparis.org. Des émissions musicales bien sûr, mais aussi des actu, des bons plans, de la création sonore, des émissions culturelles et scientifiques. Le but principal est donc de faire entendre la voix de la jeunesse et plus largement, des esprits curieux et indépendants.

Quel est votre rôle au sein de l'association ?

Je suis "chargée du monde étudiant" pour la saison 2013-2014. C'est-à-dire que j'assure les partenariats et la communication entre la radio et les différents acteurs du monde étudiant (associations étudiantes, universités, festivals ou événements étudiants...) Par ce poste, Radio Campus Paris atteste de sa volonté de valoriser les initiatives étudiantes et universitaires, d'aller à leur rencontre et de les mettre en avant.

Pourquoi êtes-vous partenaire du Festival Livres en Tête ?

La première raison, comme je vous le disais précédemment, est la mission que s'est fixée Radio Campus Paris de valoriser les initiatives étudiantes et universitaires : un festival comme "Livres en Tête", organisé conjointement par le service culturel de Paris 4 et l'association Les Livreurs Sonores, correspond tout à fait aux initiatives que nous cherchons à mettre en avant.
Au-delà de ça, nous ne choisissons pas non plus le premier événement venu, il faut qu'il y ait une affinité et une proximité avec la ligne éditoriale de la radio. Livres en Tête nous a plu car c'est un festival de lecture à voix haute, qui détourne la lecture ordinaire, individuelle pour en faire un moment de partage et d'originalité. Et puis, quoi de plus naturel pour une radio que de soutenir la voix, n'est-ce-pas ? :)
En bref, Radio Campus Paris est ravie d'être un des partenaires officiels du festival Livres en Tête ! ●

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Retrouvez les voix dynamiques de Radio Campus Paris en streaming et 24h/24 sur leur site www.radiocampusparis.org

Dans les coulisses du journalisme d'investigation : Matthieu Aron et les grandes plaidoiries



Matthieu Aron est directeur de la Rédaction de France Inter depuis mai 2011. Il a exercé en tant que journaliste reporter pendant plusieurs années; il a notamment assuré la couverture médiatique de quelques grandes enquêtes, comme le scandale d'Elf ou le procès de Maurice Papon. Passionné par les grands procès, il a rédigé un ouvrage sur Les grandes plaidoiries des ténors du barreau (Ed. Jacob-Duvernet), et c'est à son talent de connaisseur que Les Livreurs ont fait appel en l'invitant à la soirée "Plaidoiries Imaginaires" du festival, au cours de laquelle il commentera les textes lus et remettra le prix du meilleur plaidoyer au lauréat du Prix shortEdition - Livres en Tête 2013.

Il décrypte ici les facettes d'un métier aussi palpitant qu'éprouvant: journaliste chargé de la rubrique judiciaire.

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Vous avez obtenu une licence d'histoire en plus de votre formation de journaliste mais vous n'avez jamais eu de formation particulière en droit, comment en êtes-vous venu à travailler dans la rubrique judiciaire, qu'est ce qui vous y a attiré ?

Ce qui m’a attiré dans ce milieu… plusieurs choses : l’envie de raconter des histoires. Les procès sont d’abord des extraordinaires histoires humaines et le déroulé du procès ressemble même à une tragédie, il y a un côté très théâtral. C’est une forme de récit qui m’intéressait tout particulièrement.
La deuxième raison, un peu différente, est que le milieu judiciaire permet de réellement faire du journalisme d’investigation, d’agir comme un véritable  enquêteur. Le « journalisme d’enquête » est l’autre partie journalistique qui m’intéressait.
La rubrique judiciaire permet d’explorer ces deux facettes du métier : devenir une sorte d’enquêteur, dans l’ambiance particulière dégagée par les procès, qui permet d’être dans le récit.

Vous avez donc assisté à un grand nombre de plaidoiries, en particulier sur des affaires importantes. Vous est-il déjà arrivé de former un avis à l'inverse de vos convictions de départ suite à une plaidoirie ? Y a-t-il une plaidoirie qui vous a particulièrement marqué de ce point de vue ? Qui vous a particulièrement ébranlé ?   

Changer de point de vue, pas jusque là. Je peux vous parler de l’un des tous premiers procès que j’ai suivis, un procès qui s’est déroulé à Grenoble, où il y avait deux hommes accusés dont un qui clamait son innocence. Au cours du procès, la plaidoirie de son avocat, un des plus grands avocats français, ne m’a pas fait douter mais a contribué à  forger mon intime conviction qu’il était fondamentalement innocent ; ce que je ressentais et pensais avant la plaidoirie (l’innocence de l’accusé à cause du doute) cet avocat l’a non seulement renforcé mais l’a démontré et j’ai fini par en être convaincu.

Pensez-vous que pour qu'il y ait grande plaidoirie il faut qu'il y ait grande cause ou grande affaire ?

Pas nécessairement une grande affaire, tout dépend ce qu’on entend par là. C’est une forme de défense de l’homme en tant qu’homme. Quand il n’y a plus personne pour défendre un accusé, le dernier qui reste est l’avocat. Dès lors qu’il se sent investi, il peut y avoir une grande plaidoirie. Les procès peuvent aussi avoir plusieurs visages : il y a des procès où l’on défend une cause politique ; et des grandes plaidoiries où l’on défend surtout un homme.

Pensez-vous que ce soit le texte ou l'orateur qui soit le plus important dans ce genre de situation ?

C’est vraiment une combinaison des deux. Je pense que ça vient d’abord de l’orateur. Pour que les mots aient un poids, prennent de la force, pour que leur dimension soit dépassée, il faut un orateur qui parle à un groupe mais dont on doit avoir le sentiment qu’il parle à vous personnellement. C’est leur grande force, pour ceux qui y arrivent en tout cas.

Comment garder un sens critique face à une bonne plaidoirie? L’esprit critique d’un journaliste s’acquière-t-il par l’expérience, au fur et à mesure ?

Le chroniqueur judiciaire garde un esprit critique. Il peut estimer qu’une plaidoirie a été très belle, très forte, sans être pour autant convaincu. Il y a eu une plaidoirie que j’avais trouvée très impressionnante, celle de Touvier, dont l’avocat s’est attaché à défendre l’indéfendable. Mais à un moment donné, le poids des mots s’arrête devant la réalité des faits.
  
Comment voyez-vous le rôle des médias par rapport au monde judiciaire, quel rôle joue la couverture médiatique d'un procès ?
  
Elle est assez faible, contrairement à ce que l’on pense habituellement. Quand ce sont des procès qui durent plusieurs jours, les jurés vivent dans une sorte de bulle durant toute la durée du procès, qui les protège de l’extérieur, des médias. Cette bulle fait en sorte qu’il y a très peu d’influence extérieure. Les médias jouent surtout un rôle avant le procès car les jurés peuvent avoir un apriori sur le procès d’après ce que la presse a raconté avant. Sur les grandes affaires criminelles très médiatisées avant le procès, le juré peut arriver avec des idées dans la tête. Mais je pense que, pour se forger une opinion, c’est le procès en lui même qui l’emporte largement dans ce cas. 

Vous avez donc suivi de nombreuses affaires pour France Info, avez vous déjà eu des réactions, des critiques sur votre manière de les couvrir, des pressions ?

Des critiques, oui, des pressions, non. Il y a eu un procès qui a suscité des interrogations sur sa légitimité, l’affaire Papon, dont moi j’estime qu’il devait avoir lieu. Ces interrogations avaient instauré une forme de pression globale mais pas de pression directe. 


Avez vous déjà assisté aux concours d’éloquence de la Conférence* ? Qu’en pensez- vous ?
 Oui. La conférence Berryer est un vrai, un pur exercice d’éloquence, où l’on est sur l’exercice vraiment oratoire, qui peut être drôle et cinglant à la fois. La conférence du Stage, c’est autre chose : ils sont trois-quatre à plaider chaque semaine devant un jury composé d’anciens. On est davantage dans la situation où un avocat juge un autre avocat sur sa capacité oratoire mais aussi sur la solidité de sa plaidoirie etc. N’attendez pas de moi que je me livre à une joute oratoire avec les jeunes de la Conférence, je ne m’y risquerai pas !


*Plus d'informations sur la Conférence des avocats du barreau de Paris ici.


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Découvrez aussi:


 La soirée "Plaidoiries Imaginaires" : l'éloquence et l'art oratoire lors du festival.



On a interviewé Ollivier Pourriol, juré de la «Dégustation littéraire»


Ollivier Pourriol, philosophe et écrivain, sera un des membres du jury lors de la « Dégustation littéraire » du festival, qui aura lieu le 26 novembre.



Nous avons réalisé l’interview téléphonique de ce néophyte de la lecture à haute voix pour questionner les motivations de sa participation. Et nous avons dû admettre rapidement que, loin de mener l’interview, l’équipe de Livres en Tête s’est laissée déstabiliser par ses réponses parfois déroutantes…  

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Est-ce que vous écoutez souvent des livres audio ? Quels seraient pour vous les critères d’une bonne interprétation de texte ?

Hormis les Nouvelles orientales de Marguerite Yourcenar que j’ai écoutées il y a vingt ans, je n’écoute pas de livres audio.

Pourquoi ?

Parce que je préfère lire, tout simplement.  

Alors pourquoi avez-vous accepté d’être dans le jury, qui critiquera et commentera des extraits de livres audio, lors de la Dégustation littéraire du festival Livres en Tête ?

Parce que je suis curieux de l’invitation. Je suis étonné d’être dans ce jury mais le ferai avec plaisir et curiosité. Habituellement, je n’aime pas les jurys, car je déteste hiérarchiser et classer ; mais j’ai bien compris que dans le cadre de cette soirée, il ne s’agissait pas de faire un classement.  J’ai accepté parce que je suis curieux de l’expérience. Avoir l’avis des autres, comme Natalie Dessay m’intéresse, mais je n’y connais rien : vous êtes mal barré pour l’interview !

Je sais, je vais essayer de m’en sortir... À votre avis, quelle est la différence entre un lecteur et un comédien qui joue son texte ?

La réponse est dans la question !

Comme vous n’avez pas de connaissance particulière, ce qui m’intéresse c’est justement la réponse de quelqu’un qui ne connaît pas la lecture à voix haute : qu’en pensez-vous ?

Je n’aime pas trop la lecture à voix haute : l’écrit est fait pour être traduit par une lecture interne, il s’agit d’une question de liberté.  On ressent plus les sentiments que par l’incarnation du texte avec une voix qui dit les mots.

Est-ce donc nier une expérience collective ?

Non, je ne suis pas d’accord. La lecture silencieuse, c’est ça qui vous met en relation avec l’autre, un autre absent, un peu comme une expérience de télépathie.
Lire à voix haute, pour moi, est une activité pour quelqu’un qui ne peut pas lire, qui ne peut pas encore lire – développer un lien sacré en lisant à ses enfants – ou pour quelqu’un qui ne peut plus lire, comme mon grand-père à qui il m’est arrivé d’offrir des livres audio.

Vous pensez qu’il s’agit donc d’un remplacement de mauvaise qualité ?

Non, pas du tout, puisque je vous parle d’un lien sacré, cela n’a rien à voir. La lecture avec ses enfants n’a rien à voir avec une représentation de lecture : l’acteur se donne en spectacle, il offre une interprétation.

Pour moi, la lecture à voix haute produit un lien sacré, qui crée une relation là ou il ne pourrait y en avoir. J’avais trouvé très belles les Nouvelles orientales de Marguerite Yourcenar : cela était très beau car, au fond, l’enregistrement reflétait quelque chose de l’ordre de l’absence,  où l’on n’était pas gêné par la présence du lecteur. Il respectait une liberté, comme ces expériences de lecture à haute voix que l’on a tous eues étant enfant – je pense par exemple au Petit Prince lu par Gérard Philippe.

Pensez-vous que la lecture à haute voix s’adapte aux nouveaux usages, avec la lecture
nomade, la consommation de textes cours dans le métro par exemple.

Dans le métro non : nous sommes tout à fait libres de lire un livre. Mais en voiture, oui : j’ai des amis qui écoutent souvent des C.Ds audio. Il ne s’agit pas forcément de livres audio mais plutôt de conférences. Mais cette pratique est liée au fait que l’on ne peut utiliser ses mains pour ouvrir l’objet livre.

J’aimerais revenir sur la relation au texte silencieux : vous avez parlé tout à l’heure de la relation télépathique que vous entreteniez avec les auteurs des textes ?

Je ne parlais pas de moi mais de tout le monde. Quand on lit, nous sommes en relation avec quelqu’un qui n’est pas là, qui est même mort. Quand on lit Victor Hugo, on est en relation avec Victor Hugo. Mais il ne s’agit pas de mon expérience personnelle, mais de l’expérience de tout le monde.

Ecoutez-vous de la musique classique ?

Oui, bien sûr, j’écoute de la musique !

Vous avez peut-être donc déjà remarqué que lorsque deux interprètes jouent le même morceau, on observe des différences…

Oui, j’ai même écrit un livre sur la musique classique. J’ai écouté beaucoup d’interprètes jouer les mêmes morceaux, pour passer des concours.

Et comment avez vous jugé de la qualité d’un interprète ?

Quand vous vous endormez, c’est que c’est pas terrible !
Ceci dit, pour les livres audio, l’expérience est peut-être différente. On peut s’endormir en écoutant un livre audio, parce qu’il y a quelque chose de l’ordre du physique. Ecouter un livre lu par quelqu’un peut être très rassurant, avec une présence presque familière.

Merci d’avoir répondu à nos questions. Nous sommes assez ravis que vous ne connaissiez pas la lecture à haute voix, pour faire un contrepoids parmi les membres du jury !

Je serai heureux de vous faire profiter de mon ignorance ! 

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Découvrez aussi...
 

L'art de la dégustation littéraire, cette difficulté de sélectionner les bons crus sonores.




 




L'imposture de Fabrice Lucchini, excellent comédien mais très mauvais lecteur, exposée par Félix Libris!

La littérature érotique à l'honneur lors du festival : Interview d'Irina, une blogueuse pas comme les autres...

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Proposer des récits érotiques de qualité, dans un design classe et élégant, tel est l'objectif de www.nouvelles-érotiques.fr, partenaire du festival Livres en Tête 2013.


Pour Irina du Bois Sainte Marie, l'auteure du site, "l’érotisme semble indissociable de l’esthétisme", c'est pourquoi elle fait de Nouvelles Erotiques "une expérience sensuelle à tous les niveaux (le design du site, les récits, les illustrations)"; il n'est donc pas étonnant qu'elle soutienne la soirée Sonore et Gomorrhe du festival, expérience de lecture érotique d'un genre particulier, collective et entrecoupée de moments de danse qui répondront aux instants plus intenses - mais aussi très drôles, comme le sont généralement les bons textes de charme* - pendant lesquels nos lecteurs feront vibrer ces textes que vous ne pensiez lire qu'en toute intimité..

Découvrez ici le point de vue de cette blogueuse, qui livre son opinion sur les objets de la littérature érotique, et qui vous en dira un peu plus les fantasmes inavoués de ses lecteurs...


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Depuis quand tenez vous ce blog ? 
Depuis janvier 2013. Auparavant, j’écrivais des nouvelles érotiques et les envoyais par email aux abonnés à ma newsletter.  Mais je préfère le format d’un blog, c’est beaucoup plus visuel et donc plus excitant.

Qu'est ce qui vous a poussé à la rédaction de ce blog ?
J’aime beaucoup l’érotisme, mais dans la plupart des cas, les histoires que l’on peut lire sur internet sont publiées sur des sites commerciaux, pollués par de nombreuses publicités et pop ups pour des sites de rencontre. Or je trouve que toutes ces diversions cassent complètement l’expérience de la lecture d’un texte érotique. J’ai donc créé ce que je ne trouvais pas sur internet : un site classe de nouvelles érotiques.
Cela paraît tout simple comme projet, mais au final, c’est vraiment ce positionnement qui m’a permis d’attirer des auteurs de littérature érotique talentueux.

Avez-vous d'autres projets dans ce domaine ?
J’ai des projets liés au développement du site Nouvelles Erotiques que je ne préfère pas dévoiler pour l’instant. Ma réserve n’est pas liée à un certain goût pour le secret, mais comme j’ai par ailleurs une vie professionnelle et familiale bien remplie, je ne suis pas sûre que tous mes projets avancent aussi vite que je le souhaiterais.



"Beaucoup d'auteurs ont été séduits par le concept d’un site élégant et par ma proposition de leur offrir une illustration représentant un moment chaud de leur nouvelle"




Quelles sont les éléments d'une  bonne nouvelle érotique selon vous ?
Je crois que ce sont principalement les mêmes que ceux d’une bonne nouvelle de littérature plus classique. J’aime que l’auteur prenne le temps de planter le décor, de décrire la psychologie de ses personnages et qu’il nous propose une intrigue bien ficelée. Tout cela donne alors beaucoup plus de force aux scènes purement érotiques.
Quant aux scènes érotiques, j’aime qu’elles soient chargées de détails ; elles ne sont jamais trop longues à mon goût. :) 

Comment trouvez-vous et sélectionnez-vous les rédacteurs de ces nouvelles ?
Maintenant que le site a du succès, ce sont les auteurs qui me proposent des textes. Mais au départ, j’ai écumé les blogs des auteurs de littérature érotique et contacté ceux dont j’aimais le plus les textes. Beaucoup ont été séduits par le concept d’un site élégant et par ma proposition de leur offrir une illustration représentant un moment chaud de leur nouvelle.
Je crois d’ailleurs que les illustrations ont joué un rôle important dans le succès du site.
Maintenant que je reçois régulièrement des propositions des nouvelles, je les propose au comité de lecture et une nouvelle n’est publiée que si elle obtient l’unanimité des voix du comité de lecture.



"Il est difficile de ne pas pouvoir partager ses émotions, craintes et plaisirs avec ceux qui comptent pour nous, c'est pourquoi les auteurs de littérature érotique ont créé une communauté active et soudée sur le net "




Quels sont selon vous les apports des échanges autour de la littérature érotique  - sur votre blog, sur les réseaux sociaux, entre auteurs – par rapport au plaisir solitaire que procure un livre érotique ?
Pour les auteurs, je vois deux principaux avantages à échanger en ligne.
D’une part, pouvoir obtenir très rapidement des retours de lecteurs est extrêmement gratifiant. La plupart d’entre nous écrivons pour être lus et savoir qu’un couple a passé une nuit torride suite à la lecture d’une de nos nouvelles est la plus belle des récompenses.
En outre, à quelques exceptions près, la plupart d’entre nous écrivons sous pseudo et peu de personnes dans notre entourage connaissent cette partie-là de notre vie. Or il est difficile de ne pas pouvoir partager ses émotions, craintes et plaisirs avec ceux qui comptent pour nous.
Aussi, les auteurs de littérature érotique ont créé une communauté active et soudée sur le net (principalement sur Facebook) et nous nous rencontrons de temps à autre « dans la vraie vie ». C’est toujours très amusant de rencontrer quelqu’un dont on connaît les fantasmes les plus fous alors que l’on ne sait même pas si cette personne est blonde ou brune.

Côté lecteurs, les sites et blogs érotiques permettent de se rendre compte que beaucoup d’autres personnes partagent les mêmes fantasmes que nous et parfois certains d’entre eux finissent par entretenir des correspondances érotiques.

S'agit-il plutôt de rédacteurs occasionnels ou de rédacteurs plus  réguliers ?
J’ai publié une vingtaine d’auteurs et rédacteurs. La plupart ont publié 2 à 3 fois. J’aime d’un côté publier de nouveaux auteurs pour proposer des ambiances différentes et d’un autre, lorsqu’un auteur publie une deuxième ou troisième fois, cela lui permet de retrouver son public.
Alors je continuerai  à publier nouveaux auteurs et auteurs réguliers.



"C’est toujours très amusant de rencontrer quelqu’un dont on connaît les fantasmes les plus fous alors que l’on ne sait même pas si cette personne est blonde ou brune"





Quelles catégories sont les plus lues et les plus alimentées ? Y voyez-vous un signe de fantasmes récurrents parmi vos lecteurs et rédacteurs, voire parmi une population plus large ? 
Le fantasme lesbien est très présent, que l’auteur de la nouvelle soit un homme ou une femme. En outre, j’ai remarqué que parmi les textes qui ont le plus de succès, on trouve de nombreux textes qui expriment une certaine forme de violence. Quelques nouvelles traitent du fantasme de viol et ce sont celles qui sont les plus lues.


Y'a t'il plus d'hommes ou de femmes parmi vos rédacteurs et lecteurs ?
Cela a été une bonne surprise pour moi : en fait, nous sommes presque à la parité parfaite.

On voit sur votre page d'accueil une citation tirée d'un message que vous a envoyé une de vos lectrices, avez vous beaucoup de retours ? De quels types ? 
Oui, je reçois beaucoup de retours, principalement par e-mail, plus que dans les commentaires en fait. Je sens encore une réserve de certains lecteurs pour poster des commentaires, même sous pseudo.
Les retours auxquels je suis le plus sensible sont ceux des lecteurs qui me racontent leurs émois et combien la lecture de certains textes a pimenté leur vie sexuelle.
Ceux que j’aime beaucoup moins proviennent de lecteurs qui croient que m’envoyer des photos de leur sexe en érection m’excite. Messieurs, ce n’est pas le cas et je ne cherche pas à faire des rencontres !



*Nous invitons tous les détracteurs de cette assertion à se rendre à la soirée Sonore et Gomorrhe, le 29 novembre, à l'Auditorium Saint-Germain,  pour qu'ils constatent que la lascivité des textes érotiques est bien souvent teintée d'une couleur comique. 

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